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Société

Aisse Gassama TALL : «56,4% des enfants en situation de conflit avec la loi sont poursuivis pour des faits de vol»

Le rapport 2023 de la Direction de la protection judiciaire et sociale a livré ses statistiques. 17. 057 enfants pris en charge dont 2.792 en confit avec la justice et 13.419 en danger, selon le rapport 2023 de la Direction de la protection judiciaire et sociale. Sa Directrice générale, Aissé Gassama Tall, les commente pour Le Soleil. 

Mme Gassama, sait-on vraiment s’occuper de nos enfants au Sénégal ? S’il vraiment un seul cas d’enfant en situation de conflit avec la loi ou en danger suscite des questionnements sur le pourquoi, ce chiffre est à relativiser car il ne faut pas perdre de vue qu’avec une population de 18 millions d’habitants dont la moitié est constituée de jeunes, on ne peut pas soutenir cette assertion. En outre, les statistiques ont montré que les difficultés économiques auxquelles sont confrontées la plupart des familles influent fortement sur la vulnérabilité des enfants.

Enfin effet, 45,4% des enfants en danger le sont pour un motif de décrochage scolaire lié le plus souvent au manque de moyens des parents. 56,4% des enfants en situation de conflit avec la loi sont poursuivis pour des faits de vol. Enfin, l’urbanisation galopante est un facteur non négligeable: 67,9% des enfants vivent en zone urbaine contre 32,1% en milieu rural. Qu’est-ce qui peut expliquer ces chiffres élevés? Qui sont ces enfants? D’où viennent-ils? Encore une fois, on ne peut pas dire que ce chiffre est élevé car il faut tenir compte de la jeunesse de la population sénégalaise. Comme précisé, ces enfants viennent le plus souvent des zones urbaines : 33,21% de la vulnérabilité relève de Dakar, suivi de Thiès qui comprend également Mbour et Diourbel avec 24,58% des enfants.

Sur les chiffres de Dakar, Pikine Guédiawaye polarisent 29,8% de la prise en charge suivis de Cambérène avec 10%. Je crois que c’est parce que c’est la banlieue très peuplée avec tout ce que cela comporte comme difficultés qui impactent négativement le comportement des enfants. Malgré tous les efforts de l’Etat, le phénomène des enfants de la rue, notamment des talibés, continue de plus belle. Utilise-t-on vraiment les bonnes approches pour y faire face? Il est vrai que nous n’arrivons pas encore à venir à bout des enfants dans la rue, mais il faut reconnaître qu’il ne s’agit pas d’un problème simple.

Les facteurs cultuel et économique combinés à l’instabilité dans la sous-région font que nous n’arrivons pas encore à juguler le problème. Je pense qu’il faut une approche intégrée avec une intervention harmonisée de tous les acteurs institutionnels mais surtout un portage au plus haut niveau de l’Etat. Et nous sommes en train d’y travailler. On a constaté une certaine dichotomie dans les montants de la prise en charge journalière des enfants d’un centre à l’autre. Qu’est-ce qui le justifie ? Les différences dans les montants se justifient par le fait que, dans certains centres (polyvalents notamment), les enfants sont en internat et totalement pris en charge: restauration, habillement, soins médicaux alors que dans d’autres centres comme les centres de sauvegarde, les enfants sont en demi pensionnat.

On ne parle plus, depuis quelques mois, de Direction de l’éducation surveillée et de la protection sociale mais de Direction générale de la protection judiciaire et sociale. Pourquoi ce changement et quelle est sa pertinence ? C’est le décret numéro 2024-792 du 26 mars 2024 modifiant le décret numéro 2023-679 du 23 mars 2023 portant organisation du ministère de la Justice qui a créé la Direction générale de la Protection judiciaire et sociale.

Désormais, nous avons 48 services de l’Action éducative et de la Protection sociale en milieu ouvert dans tous les départements du Sénégal dont 3 à Dakar au lieu de 24 services, et des centres d’accueil immédiat (Cai) destinés à des nouveaux nés ont été créés. La Direction générale a été également désignée autorité centrale chargée de l’adoption internationale. En fait, les missions ont été élargies et la nouvelle ossature institutionnelle permet de mieux prendre en charge les différentes missions.

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