Depuis son accession à la présidence il y a un an, Bassirou Diomaye Faye a engagé une série de réformes ambitieuses pour transformer le secteur agricole sénégalais.
Inscrites dans l’agenda de transformation national 2050, ces initiatives visent à moderniser l’agriculture, renforcer les infrastructures hydrauliques en milieu rural, et améliorer la sécurité alimentaire. Avec une stratégie orientée vers l’innovation, la productivité et l’équité, les nouvelles autorités cherchent à faire de l’agriculture un moteur essentiel de croissance durable au Sénégal.
L’agriculture comme moteur de croissance
L’agriculture joue un rôle prépondérant dans la vie socio-économique du Sénégal, contribuant pour 10-13 % au produit intérieur brut (PIB). Le secteur agricole absorbe plus de 65 % de la population active rurale et assure le revenu de 95 % des ménages ruraux. Pour en faire un véritable moteur de croissance, la recherche doit jouer un rôle central dans l’introduction d’innovations technologiques, de techniques modernes et d’outils d’aide à la décision, afin de promouvoir une agriculture productive, compétitive, durable et créatrice d’emplois, en particulier pour les jeunes.
À la suite des directives du Conseil interministériel du 3 mai 2024 consacré à la préparation de la campagne agricole, le gouvernement a apuré des dettes des campagnes précédentes, pour un montant total de 73,675 milliards de FCfa. Pour la campagne 2024, le gouvernement a alloué un budget de 120 milliards de francs CFA, soit une augmentation de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse vise à renforcer les performances du secteur agricole. Lors d’un conseil interministériel dédié à cette campagne, 23 mesures ont été adoptées pour en assurer le succès.
Parmi ces mesures, la digitalisation de la distribution des semences et l’implication des Forces de défense et de sécurité (FDS) ont été particulièrement mises en avant. La distribution des semences de qualité a été confiée aux FDS pour garantir une répartition équitable et transparente, prévenir les détournements et assurer que les semences parviennent directement aux véritables agriculteurs.
Bilan agricole prometteur en 2024
Le gouvernement sénégalais a fixé le prix d’achat du kilogramme d’arachide à 305 francs CFA, soit une hausse de 25 francs CFA par rapport à la campagne précédente. Cette initiative vise à relancer la production et la transformation des oléagineux, avec un objectif de collecte de 300 000 tonnes de graines d’arachide par la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos).
Le dernier bulletin économique de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) publié en janvier 2025 souligne une augmentation de 14,9 % de la production céréalière pour la campagne 2023-2024, atteignant 1 260 709 tonnes. Le mil, pilier de l’alimentation nationale, a progressé de 15 %, tandis que la production de riz a augmenté de 8,3 %, réduisant ainsi la dépendance aux importations.
Les productions d’oignon (plus de 450 000 tonnes) et de pomme de terre (plus de 140 000 tonnes) affichent également des résultats prometteurs. Le 15 mars 2025, SWAMI AGRI a inauguré une nouvelle chambre froide de 15 000 tonnes, portant sa capacité totale de stockage à 105 000 tonnes. Cette infrastructure vise à renforcer la régulation du marché, réduire les pertes post-récolte, et garantir une disponibilité continue de pommes de terre et d’oignons, tout en soutenant les petits producteurs locaux.
Cependant, certaines cultures industrielles comme le coton et le niébé ont connu des baisses respectives de 6,7 % et 17,1 %. Malgré ces difficultés, les exportations agricoles, notamment les mangues et les tomates, ont progressé de 12 % et 18 %, respectivement.
Pour renforcer la sécurité alimentaire, le président Bassirou Diomaye Faye a lancé le Projet de mobilisation des ressources en eau du bassin versant du Nianiji Bolong (PROMOREN). Ce projet, piloté par l’Office des Lacs et Cours d’Eau (OLAC), vise à mobiliser annuellement 46,6 millions de m³ d’eau douce, empêcher l’intrusion des eaux salées provenant du fleuve Gambie et aménager 12 000 hectares de terres agricoles.
D’un coût total de 36 milliards de FCFA, le PROMOREN est financé à 92 % par la Banque Islamique de Développement (BID) et à 8 % par l’État du Sénégal. Ce projet devrait créer 30 000 emplois et contribuer durablement à la souveraineté alimentaire du pays.
Amélioration des infrastructures hydrauliques rurales
Plusieurs projets majeurs ont été réalisés dans le secteur hydraulique. La phase 2 du Projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural prévoit la construction de 85 forages, 89 châteaux d’eau, 5 stations de potabilisation et 1 450 km de réseaux, afin de desservir deux millions de Sénégalais.
À Kolda, des infrastructures ont été renforcées avec deux châteaux d’eau de 3 600 m³, 68 km de canalisations et la réhabilitation de la station de traitement. Le programme de 39 000 branchements sociaux a également été lancé pour améliorer l’accès à l’eau des populations vulnérables.
En parallèle, un nouveau centre de production d’eau a été inauguré à Ndiayène Moussa Ndiaye (Fatick), avec une capacité de 7 680 m³ par jour. Le projet de Grand Transfert d’Eau (GTE), destiné à acheminer l’eau du Lac de Guiers vers Dakar, Thiès, Mbour et Touba, constitue également une avancée majeure dans la gestion des ressources hydriques.
Lors des concertations nationales sur l’eau et l’assainissement, le président Faye a salué le leadership du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye. Ces discussions ont réuni les acteurs du secteur pour garantir un accès équitable à l’eau et aux services d’assainissement pour tous les Sénégalais, indépendamment de leur lieu de résidence ou de leur statut social.