Face à une sécheresse persistante et une forte diminution du cheptel, le roi du Maroc, Mohammed VI, a exhorté ses concitoyens à ne pas sacrifier de mouton lors de l’Aïd el-Adha, prévu début juin. Dans un discours lu par le ministre des Affaires religieuses à la télévision publique, le souverain a souligné les défis climatiques et économiques qui ont conduit à une baisse de 38 % du cheptel en un an.
Cette situation a entraîné une flambée des prix de la viande, rendant l’accomplissement du sacrifice difficile pour de nombreux foyers, notamment les plus modestes. Conscient de l’importance religieuse et sociale de cette tradition, le roi a néanmoins rappelé qu’elle n’est pas un pilier de l’islam mais une sounna, c’est-à-dire une tradition recommandée mais non obligatoire. Cette décision s’inscrit dans un contexte de crise marqué par un déficit pluviométrique de 53 % par rapport à la moyenne des trente dernières années, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire et économique.
À Casablanca, le kilo de viande rouge avoisine les 11 à 12 euros, un coût exorbitant pour les ménages les plus précaires, dont le salaire minimum est d’environ 290 euros par mois. Le gouvernement a tenté d’atténuer l’impact en subventionnant les importateurs, mais sans intervenir directement sur les prix, suscitant des critiques. Il s’agit de la première annulation du sacrifice de l’Aïd depuis 1996, lorsque le roi Hassan II avait pris une mesure similaire pour les mêmes raisons. Cette décision souligne une fois de plus les conséquences dramatiques du changement climatique sur les économies locales et les traditions culturelles.