Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye vient d’opérer un remaniement diplomatique clé en nommant de nouveaux ambassadeurs au Mali et au Niger, deux États au cœur des tensions entre la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces choix stratégiques reflètent une volonté de repositionnement du Sénégal dans un contexte régional en mutation.
La nomination de Madame Fatoumata Binetou Rassoul Correa au Mali et de Monsieur Mouhamadou Sarr au Niger s’inscrit dans une logique d’apaisement et de dialogue avec ces États en rupture avec la CEDEAO. Le Sénégal, pilier historique de l’organisation régionale, doit aujourd’hui composer avec une nouvelle réalité où le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont décidé de prendre leur distance avec l’organisation communautaire pour affirmer leur souveraineté. En optant pour des diplomates chevronnés, issus du sérail et maîtrisant les rouages de la diplomatie africaine, Bassirou Diomaye Faye cherche à maintenir des canaux de discussion ouverts, malgré le contexte de rupture institutionnelle.
Ces nominations interviennent alors que la CEDEAO peine à gérer l’éclatement de son espace politique, économique et sécuritaire. Le Sénégal, traditionnellement aligné sur les positions de la CEDEAO, semble vouloir adopter une posture plus mesurée vis-à-vis de l’AES, évitant ainsi toute confrontation directe. Ce choix permet à Dakar de préserver ses intérêts dans la sous-région tout en réaffirmant sa volonté de jouer un rôle de médiateur dans une Afrique de l’Ouest en recomposition.
Ces nouvelles nominations marquent donc un vrai pas diplomatique pour Bassirou Diomaye Faye, qui devra concilier l’ancrage historique du Sénégal à la CEDEAO et la nécessité de maintenir des relations pragmatiques avec les États de l’AES.