L’affaire de la gestion des fonds liés à la pandémie de Covid-19 prend une tournure internationale. Alors que plusieurs interpellations ont déjà eu lieu au Sénégal, l’enquête pourrait désormais franchir les frontières, notamment en direction de la France. Selon des sources proches du dossier cités par L’Obs, certaines personnes mises en cause sont soupçonnées d’avoir blanchi de l’argent détourné à l’étranger.
Parmi ces suspects, un Directeur de l’administration générale et de l’équipement (DAGE) attire particulièrement l’attention des enquêteurs. Il serait en effet propriétaire de plusieurs établissements, notamment des restaurants situés dans le très prisé 5e arrondissement de Paris. Une situation qui soulève de nombreuses interrogations quant à l’origine des fonds ayant permis l’acquisition de ces biens.
Comment la justice sénégalaise peut-elle procéder ?
Face à ces éléments, les autorités judiciaires sénégalaises envisagent sérieusement le recours à une commission rogatoire internationale. Ce mécanisme juridique permet à un juge ou à un procureur d’un pays de demander l’assistance des autorités judiciaires d’un autre pays – en l’occurrence la France – pour effectuer des actes d’enquête : perquisitions, saisies de biens, auditions de témoins ou de suspects, ou encore traçage de mouvements financiers.
Le Sénégal et la France sont liés par plusieurs accords de coopération judiciaire, dont la Convention de coopération judiciaire en matière pénale, signée dans le cadre de l’Organisation internationale de la Francophonie, mais aussi via l’ONU et Interpol. Ces cadres permettent aux magistrats sénégalais de transmettre une demande officielle, souvent par l’entremise du ministère de la Justice ou du parquet général, aux autorités françaises.
Une fois la commission rogatoire acceptée par la justice française, les investigations peuvent être menées sur le sol français avec l’assistance de la police judiciaire et des magistrats locaux. Les résultats de l’enquête sont ensuite transmis aux autorités sénégalaises. Ce procédé est long, mais il est crucial dans des dossiers à dimension transnationale, notamment ceux impliquant le blanchiment de capitaux.